Vous trouverez ci-dessous, le cheminement de la recherche sur le programme « modèle d’investisseur sociétal », initié en 2010 qui a permis de tester un modèle innovant d’implication des entreprises auprès des innovations associatives d’intérêt général.
Le modèle d’investisseur sociétal est né de l’expérience de 8 pionniers (5 entreprises et 3 fondations) et de leurs partenaires associatifs. Le RAMEAU a eu l’opportunité d’accompagner à la fois l’investisseur, sa (ses) structure(s) bénéficiaire(s) et leur partenariat d’innovation sociétale. Le cheminement ayant amené à la formalisation de ce modèle débute en 2008 et repose sur l’implication des entreprises et des fondations qui ont accepté de tester les modèles élaborés par Le RAMEAU.
Le cheminement de la co-construction d’un modèle innovant d’investissement sociétal
2008 : Expérimentation de l’accompagnement stratégique du changement d’échelle associatif. La Poste a été notre premier partenaire à tester l’accompagnement stratégique des associations. Elle l’a expérimenté une première fois avec l’association Jaccede.com pour l’aider à changer d’échelle, puis elle a ensuite mobilisé les compétences d’accompagnement stratégique sur d’autres partenaires associatifs. L’évaluation du partenariat La Poste / Jaccede.com réalisée en 2014 a montré le cheminement de découverte réciproque qu’a permis ce mode innovant de partenariat stratégique.
2009 : Première expérimentation du modèle d’investisseur sociétal (constitué des 4 leviers). Le Crédit Foncier fut la première entreprise à tester l’assemblage des 4 leviers du modèle d’investisseur sociétal : le financement, l’accompagnement stratégique, l’apport d’expertise et l’évaluation de l’utilité sociétale. En cohérence avec son positionnement et suite à une étude sur les enjeux sociétaux de l’habitat solidaire et durable, elle a choisi d’en faire bénéficier Solidarités Nouvelles pour le Logement. L’évaluation de l’ESSEC réalisée en 2013 a montré l’utilité d’accompagner globalement l’association pour l’aider à franchir les différentes étapes de son processus d’innovation.
2010 : Expérimentation à grande échelle du modèle d’investisseur sociétal… Le Fonds d’Innovation d’AG2R LA MONDIALE décide de déployer le modèle d’investisseur sociétal à grande échelle en accompagnant 26 projets associatifs (ainsi que 2 projets internes). Il démontre ainsi l’intérêt de déployer le modèle, mais aussi les conditions pour passer du stade « laboratoire » à une véritable « industrialisation » de l’approche. De nombreuses innovations ont ainsi pu être développées à l’initiative des associations partenaires. Citons notamment la création de SOLIFAP par la Fondation Abbé Pierre pour consolider l’ensemble du secteur des associations de mal logement. Le retour d’expériences réalisé en 2014 (tant auprès des équipes internes qu’auprès des associations et des cabinets conseils impliqués) prouve la pertinence du Fonds d’Innovation, et invite à développer cet « OVNI – Organisation Visionnaire Non Identifiée » dans le paysage français de la co-construction du bien commun. Cette expérimentation a notamment permis de créer l’ADASI – Association de Développement de l’Accompagnement à la Stratégie et à l’Innovation des associations.
(2010 toujours) …et du lien entre la stratégie sociétale et le projet d’entreprise. La même année, Renault est notre premier partenaire à partir de la « page blanche » pour mener une véritable réflexion stratégique pour définir un engagement sociétal pertinent et innovant. Après le mécénat et l’action sociale, c’est sur le « business inclusif » que s’est ainsi testé le modèle d’investisseur sociétal. La réflexion stratégique s’est appuyée sur une étude des enjeux sociétaux liés à la « mobilité durable pour tous », des besoins des populations les plus fragiles ainsi que des réponses associatives existantes. La stratégie définie a permis d’articuler les différentes formes de partenariats (des Pratiques Responsables avec les Plans de déplacement de sites, de la Coopération Economique avec l’implication du secteur dans l’émergence des Garage Renault Solidaire jusqu’à l’Innovation Sociétale avec le partenariat avec Voiture & Co devenu Wimoov).
2011 : Expérimentation d’une nouvelle forme d’évaluation de l’utilité sociétale. Après avoir expérimenté l’accompagnement stratégique des associations et celui des entreprises, puis développé des méthodes de cadrage et de pilotage des partenariats stratégiques, il restait à innover en matière d’évaluation. GDF Suez et Emmaüs France ont été les premiers à tester une nouvelle forme d’évaluation de l’utilité sociétale des partenariats qui prend en compte à la fois les objectifs des partenaires mais aussi celui du bien commun. L’expérimentation à grande échelle du modèle d’investisseur sociétal a très vite soulevé de nouvelles questions, et en particulier celle de l’élargissement du modèle d’investisseur sociétal à la diversité des acteurs de l’écosystème d’un projet d’innovation sociétale. Cette question de l’articulation de l’intervention de différents acteurs dans le changement d’échelle d’un projet a donné lieu à plusieurs initiatives.
2011 : Articulation de dispositifs internes dans la démarche d’accompagnement des structures d’intérêt général. Le partenariat avec GDF SUEZ s’est ensuite poursuivi avec un accompagnement de la SAS « Rassembleurs d’énergies » GDF SUEZ autour du partenariat avec Habitat & Humanisme. L’intérêt était de comprendre les avantages et la complexité d’articuler différents leviers internes Le dispositif « Rassembleurs d’énergies » articule 3 outils interne : la fondation, l’expertise de 3 ONG internes sur les expertises métiers du groupe ainsi qu’un fonds d’investissement.
2012 : Mobilisation de partenaires multiples dans le soutien d’un projet d’innovation et/ou de transformation. Le RAMEAU a accompagné la Fondation Caritas France pour comprendre son rôle de « médiateur » entre les projets qu’elle soutient et d’autres investisseurs. Elle mobilise son réseau autour des initiatives associatives. Le Réseau Cocagne a ainsi bénéficié d’un « ambassadeur » de talent. Cet amorçage permettra d’impliquer ensuite le Fonds d’Innovation AG2R LA MONDIALE, la Fondation Bettencourt Schueller, Roland Berger et bien d’autres partenaires… Cet assemblage de partenaires n’a sans doute pas été étranger à l’attribution par l’Institut de France au Réseau Cocagne du Prix humanitaire Louis D. Une belle preuve de l’impact et de l’efficacité de la co-construction et du co-investissement.
2013 : Déclinaison du modèle d’investisseur sociétal des entreprises auprès des fondations. Dans le cadre du programme de recherche « Fondations d’avenir » qui associe 10 fondations, La Fondation Bettencourt Schueller est la première fondation reconnue d’utilité publique à décliner le modèle d’investisseur sociétal auprès de ses bénéficiaires. Agir et Vaincre l’Autisme et Môm’Artre seront notamment les premières associations à bénéficier d’une « chaîne » de l’accompagnement mobilisant à la fois des accompagnateurs associatifs, tels que Passerelles & Compétences ou ProBonoLab, et l’implication de cabinets de conseil volontaires.
2014 : Rôle des fondations abritantes dans l’accompagnement de relations partenariales fondateurs / structures d’intérêt général. La Fondation Hospitalière Sainte Marie expérimente son positionnement sur le triptyque d’accompagnement : accompagnement des fondateurs, accompagnement du projet d’innovation sociétale, et accompagnement de l’alliance entre le fondateur et la structure d’intérêt général. Encore en phase d’amorçage, cette réflexion promet déjà d’être passionnante. Elle n’a pas choisi au hasard sa 1ère fondation abritée pour inventer ensemble ce « juste positionnement » puisque c’est avec la Fondation Siel Bleu qu’elle co-construit cette nouvelle approche et écrit une nouvelle page des coopérations fondation abritante / fondation abritée.
2015 : Après la publication du référentiel sur le « modèle d’investisseur sociétal – Investir pour le bien commun : les alliances innovantes entre secteur économique et structure d’intérêt général » en juin, un regard croisé des investisseurs en septembre a permis d’approfondir les enjeux à relever collectivement : accroître les synergie entre investisseurs, concevoir des parcours d’accompagnement et adapter les systèmes d’évaluation en fonction des investissements.
2016 : Dans le cadre de son partenariat avec la Caisse des Dépôts, un bilan sur les enseignements des travaux sur le changement d’échelle des solutions à forte utilité sociétale a été publié. Il s’appuie sur les avancées réalisées depuis un an en matière d’accompagnement des projets, d’outillage des investisseurs et de méthodes de publication de l’innovation. Un groupe de travail s’initie à l’initiative de la Caise des Dépôts et du RAMEAU pour mobiliser les investisseurs sociétaux. Composé à l’origine de 15 investisseurs représentatif des 5 profils (public, philanthropique, entreprise, financier, finance solidaire).
2017 : Le fonds d’innovation AG2R – LA MONDIALE, l’une des initiatives les plus atypiques, réalise l’évaluation de 7 ans d’expérimentations et de cheminement empirique. Les résultats montrent que la “preuve de concept” mérite de passer à une nouvelle échelle. La même année, le livre “Osez l’intérêt général” publié par l’ADASI et Le RAMEAU illustre le cheminement de 12 innovations associatives, et GPMA et Le RAMEAU publient le livre blanc “l’innovation associative”. Fort de ces résultats, la Caisse des Dépôts lance un projet collectif de fonds d’ingénierie d’accompagnement au changement d’échelle de l’innovation sociétale avec 5 investisseurs publics et privés, l’Avise et Le RAMEAU pour concevoir un dispositif innovant. Une expérimentation collective de prototypage est lancée.
2018 : Fort des résultats du prototypage, le Caisse des Dépôts, AG2R LA MONDIALE, les Fondations CARITAS et CARASSO et la DJEPVA créent le fonds d’ingénierie au changement d’échelle de l’innovation sociétale. Avec les acteurs de l’accompagnement, et notamment l’ADASI et EUROGROUP, ils créent des parcours d’accompagnement adaptés aux besoins des projets d’innovation sociétale. Le guide “l’investissement sociétal en actions!” est publié en octobre pour rendre accessible la capitalisation réalisée sur le modèle d’investisseur sociétal. Fin 2008, le lien entre innovation sociétale et territoires est souligné comme une condition sine qua non d’un réel déploiement de l’innovation. Le 24 décembre, la plateforme “l’innovation territoriale en actions !” est lancée.